Après plus de 24 ans de règne, Bachar Al-Assad a été renversé par une coalition de groupes rebelles. Cette fin qui apparaît comme une libération et la voie indéfectible vers une restauration, pose à bien d’égards des questions plus complexes parmi lesquelles, celle de la succession et de la transition pacifique.

Au rang des forces qui ont renversé le dictateur syrien figure l’armée syrienne libre ou encore le groupe Hayat Tahrir Al-Cham (HTS), du très controversé Abou Mohammed Al-Jolani.

Ce personnage soutenu par la Turquie est d’après plusieurs sources un ancien membre de Daesh puis d’al-Qaïda. Cette étiquette laisse ainsi planer dans la tête de plusieurs observateurs un après Bachar bien agité.

Vers une nouvelle Libye ?

Ce long règne de la dynastie Assad (Bachar ayant succédé à son père Hafez) et la chute brutale qui s’en ait suivi font rejouer les scénarios de la chute libyenne de Mouammar Kadhafi ou celle de Saddam Hussein en Irak. Dans les deux pays précités, cette prise en main du pouvoir par les rebelles a ainsi donné lieu à toutes sortes d’excès (trafic d’armes, d’êtres humains, drogue etc…) et a mené à une inéluctable guerre civile.

En Syrie, il faut souligner que tous les ingrédients sont quasi similaires , tant les fractures sociales, religieuses et ethniques du pays sont sur beaucoup de lignes en friction. En effet, le pays compterait selon les estimations 78% de musulmans sunnites dont 12 % d’ alaouites (groupe auquel appartient la famille Assad), 10% de chrétiens et d’autres minorités religieuses et ethniques dont les kurdes.  

Cet état des choses, et le caractère non-conventionnel des tenants actuels du pouvoir de Damas font courir le risque élevé d’une nouvelle guerre pour le pouvoir et d’un affaiblissement généralisé de l’Etat central syrien, en proie à une adversité géopolitique et idéologique forte.

D’une part la Turquie qui combat la minorité kurde (qui contrôle le nord-est du pays, ce qui correspond à environ un tiers de la Syrie); et d’autre part Israël qui, dans ses visées sécuritaires et militaires, convoite le très stratégique plateau du Golan. Zone, qui lui offre une position défensive idéale et constitue une barrière naturelle contre les incursions ennemies.

Un autre objectif recherché par Israël est l’affaiblissement de l’axe Iran-Hezbollah-Syrie. Avoir une mainmise sur Damas, pour Israël, c’est bloquer le transit de transfert d’armes iraniennes vers le Hezbollah au  Liban.

Toutes ces variables mises bout à bout, font planer sur la Syrie de “l’après Assad” un risque élevé d’implosion et de transition excessivement sensible. Si pour l’heure la communauté internationale semble prudente à l’idée de reconnaître un quelconque gouvernement central, d’autres pays de la région moyen-orientale déplacent activement leurs pions pour profiter de cette période historique de l’histoire syrienne.

Michel Glory Samuel TAKPAH,

Journaliste togolais