Trois ans après le début de l’invasion russe, le gouvernement ukrainien a abordé une autre phase du conflit depuis le début d’année 2025. En effet, le retour aux affaires du président américain Donald Trump et sa vision “républicaine” du conflit a rebattu les cartes dans le fonctionnement des diplomaties engagées dans la résolution de la crise.

D’une part, l’Europe qui a dû changer de ton dans une presque discrétion, en limitant les invectives à l’endroit du pouvoir de Moscou. Bruxelles, a, depuis le retour de Donald Trump opéré une mutation en optant clairement pour une politique de résolution à l’inverse des soutiens et des expressions guerrières employées en début de conflit. 

D’autre part, le gouvernement de Kiev qui a anticipé sur une possible négociation et un réajustement stratégique face à la venue de l’équipe de Trump.

Trump, entre vision pacifiste et mercantiliste

Si l’une des priorités des USA  sous la coupole de Trump reste la fin du conflit russo-ukrainien(promesse de campagne) et la réintégration de Vladimir Poutine dans le giron des fréquentables entre autres, il est bon de rappeler que le président américain n’a rien perdu de sa teinture d’homme d’affaires.

Aux confins de la fin de cette crise, se trouve l’idée américaine de conclure des accords avec Kiev, afin d’exploiter les terres rares ukrainiennes. En effet, Le président américain a signalé, par l’intermédiaire de son secrétaire au Trésor, vouloir « échanger » les ressources naturelles de l’Ukraine (lithium, uranium, terres rares…) contre le maintien de l’assistance américaine dans l’attente de la conclusion d’un accord de paix. 

Trump considère également que l’exploitation des sols de l’Ukraine par des entreprises américaines permettrait de « rembourser » les États-Unis pour l’aide fournie depuis 2022. Sur le sujet, Vladimir Poutine s’est dit favorable à des investissements américains pour exploiter ces minerais stratégiques se trouvant dans le sol des territoires d’Ukraine occupés par l’armée russe.

Moscou a aussi assuré que des entreprises russes et américaines étaient « en contact » pour des projets économiques communs dans le cadre du règlement du conflit en Ukraine. Dans cette dynamique, Washington avait évoqué la semaine dernière des « partenariats économiques potentiellement historiques » en cas de fin du conflit.

En rappel, l’Ukraine dispose de l’un des sols les plus riches d’Europe en minéraux, métaux et ressources naturelles. Selon le gouvernement ukrainien, le pays a les premières réserves européennes de lithium et d’uranium et détient 25 des 34 matières premières reconnues en 2023 comme « critiques » par l’Union européenne.

La valeur de ces ressources, dont seulement 15 % des gisements connus étaient exploités avant le lancement de l’invasion de 2022, est estimée par Kiev à 26 000 milliards de dollars. 

L’Europe absente ?

Bruxelles, semble être pris de court par la célérité de l’administration Trump. En tous cas, c’est ce que laisse entendre de nombreux experts et observateurs, tant, la mise hors-jeu de Vladimir Poutine (le principal acteur), par l’Europe, depuis le début du conflit, n’a pas arrangé la situation.

Un premier sommet tenu à Riyad entre diplomatie russe (représentée par Sergueï Lavrov) et diplomatie américaine (représentée par Marco Rubio), n’a donné aucune ligne lisible et opérante. 

Pour l’heure, il est clair que l’Ukraine pourra jouer sur cette carte (participation de l’UE aux négociations), à la demande des Européens, qui vont sans doute exiger des conditions à une première initiative de cessez-le-feu.

Dans le camp américano-russe, l’objectif semble à priori, d’une part pour l’administration Trump de répondre à une promesse de campagne et de signer un succès rapide et inédit; d’autre part pour la  Russie, il y a un besoin réel de sortir de son isolement et de saisir l’occasion inouïe qu’offre l’administration Trump d’avoir des terres ukrainiennes, de manières formelles. 

Dans ce qui apparaît comme un déclassement de l’Europe dans le conflit, Emmanuel Macron a effectué un “voyage de rattrapage”, lundi aux Etats-Unis. Il a réaffirmé l’importance du respect d’un futur accord par l’UE, et a même estimé ,“qu’une trêve est possible dans les semaines à venir”. 

Pour rappel, l’UE a déjà mis à disposition de l’Ukraine près de 145 milliards d’euros d’aide financière, militaire, humanitaire et aux réfugiés.

Michel Glory Samuel TAKPAH, Journaliste et économiste togolais