L’Afrique s’apprête à avoir un nouveau schéma de partenariat militaire avec la France. En effet, selon les derniers mouvements  diplomatiques et déclarations, il est certain que  le paysage devrait changer.

Après l’arrêt au Sahel des missions Serval (2013-2014) et Barkhane (2014-2022), ou encore le  départ de l’armée française au Niger, la portée militaire de la France n’a cessé de s’amenuiser.

Face à la question de savoir si cet état des choses est voulu par l’Elysée, le numéro 1 français affirme que “ le départ annoncé de l’armée française dans certains pays africains n’est en réalité qu’une réorganisation proposée par la France elle-même.” 

Une déclaration qui va dans la suite logique des programmes de reconfiguration du dispositif militaire français en Afrique, prônant un partenariat « renouvelé » et « coconstruit » soumis au président français il y a plusieurs mois.

Chine, Russie, Turquie en contrepoids stratégique…

Depuis plusieurs années, les influences russes et chinoises n’ont cessé de s’accroître sur le continent. Une situation qui contraste avec le sentiment anti-français relevé par plusieurs observateurs dans la majeure partie des pays d‘Afrique. 

En effet, entre 2008 et 2017, Moscou a fourni 28 % des armes aux pays d’Afrique subsaharienne, devant la Chine (24 %), l’Ukraine (8,3 %) et les États-Unis (7,1 %). Aussi, la facilité de partenariats qu’arborent les accords de sécurité sino-russe, a penché le choix des pays africains sur cet axe.

Un modèle moins contraignant en matière de droits humains et de gouvernance, moins regardant sur la corruption et les affaires internes. L’autre nouvel acteur galopant est la Turquie qui propose des contrats de ventes de matériels militaires, (notamment les drones Bayraktar ), à des prix hautement concurrentiels. 

Cette fragmentation avérée du marché africain de la défense, ajoutée au sentiment souverainiste et à une vision quelque peu “dévoyée” de certains pouvoirs africains de briser les règles du jeu démocratique, ont ainsi mené inéluctablement à cette situation.

Dans ce contexte, le président Emmanuel Macron a affirmé que la France a eu « raison » d’intervenir militairement en Afrique « contre le terrorisme depuis 2013 », mais les dirigeants africains ont « oublié de nous dire merci ». Pour le Chef de l’Elysée, « aucun d’entre eux » ne gérerait un pays souverain sans cette intervention.” 

Une déclaration que n’ont pas apprécié les dirigeants du Sénégal et du Tchad qui ont sorti un communiqué en contrepieds de Macron. 

Pour rappel, la France entretient actuellement des bases en Côte d’Ivoire, au Sénégal et au Gabon (celle de Djibouti étant incluse dans la zone indopacifique).

Le Sénégal, le Tchad et la Côte d’Ivoire ont tous annoncé un départ des forces françaises de leur territoire d’ici les prochains mois.

Michel Glory Samuel TAKPAH, Journaliste togolais