Alors qu’il est arrivé au pouvoir par un coup d’État contre Ali Bongo Ondimba au lendemain des élections présidentielles, Brice Clotaire Oligui N’Guema ne cesse de se mettre en ordre constitutionnel.
Bien que le coup d’etat en lui-même soit un acte anticonstitutionnel, le général qui ne cache plus son ambition d’être porté à la tête de l’Etat gabonais vient d’organiser un référendum pour une nouvelle loi fondamentale.
Selon les estimations, quelque 870 000 électeurs ont répondu à l’appel, pour un taux de participation exprimé à 53%. Au décompte, les votants ont fortement validé le « oui » avec un score de 91,8 %.
Cette étape amorce ainsi la marche vers une nouvelle république et la possibilité pour le président de transition, le Général Brice Clotaire Oligui N’Guema de se présenter aux futures échéances présidentielles.
Pouvoir militaire au Gabon, la différence ?
A la différence des putschs ayant atteints l’Afrique francophone subsaharienne ces dernières années, celui du Gabon reste une exception. En effet, elle marque sa différence par l’absence du dénominateur commun qu’est le sentiment anti-français qui a été le carburant des autres coups perpétrés.
Si plusieurs pouvoirs militaires ont pu jouer sur cette sorte “d’hystérie collective”, au Gabon , il s’est agi d’un sentiment de rupture avec un pouvoir dynastique vieux de plus d’un demi-siècle. A ceci, s’ajoute le fait que l’ex président Ali Bongo était depuis plusieurs années dans un état de déchéance physiologique, victime d’un AVC qui l’a totalement affaibli.
Tout cet état des choses ajouté au pragmatisme avéré du Général président, de son bilan dans la période de transition, ont fait donner à ce putsch, un caractère “utilitaire”.
Loin des stéréotypes d’isolation et de ruptures qui caractérisent les juntes au pouvoir en Afrique ces dernières années, le Gabon est resté dans le concert des nations avec certes quelques sanctions qu’ils ont eu à supporter le temps de se régulariser et de remettre en ordre le pays.
En rappel, la nouvelle constitution contient quelque 150 articles, répartis entre une douzaine de titres. Cette nouvelle mouture est selon ses rédacteurs « la plus démocratique de l’histoire du pays, car elle dérive directement des Gabonais eux-mêmes ». Dans le détail, la nouvelle constitution consacre un régime présidentiel, mais avec un chef d’État aux pouvoirs limités.
Le président de la République disposera ainsi d’un mandat de sept ans renouvelable une fois. Il devra être Gabonais de père et de mère, sans double nationalités. Il sera chef de l’État et du gouvernement.
Il n’y aura donc plus de Premier ministre.
Le pouvoir législatif est quant à lui plus renforcé, avec un parlement disposant d’un pouvoir de destitution.
Michel Glory Samuel TAKPAH (MGST), Journaliste togolais