Chers frères et sœurs africains, l’heure est au réveil du continent. Ce n’est pas le moment de quitter un bloc pour un autre, mais le temps d’être soit-même. Quand l’Africain va-t-il apprendre à être authentique comme les dragons de l’Asie  l’ont été et sont aujourd’hui des références ?

L’Africain agit comme s’il oublie vite l’histoire, comme s’il ne se rappelle pas du passé, comme s’il n’arrive pas à calculer le présent et ne fait aucune projection sur l’avenir. Si sur le continent certains luttent pour que nous soyons libérés du bloc occidental, d’autres nous poussent à être collés à celui oriental avec comme file d’Ariane la Russie, sachez chers frères que ce n’est pas gratuit. La vraie lutte, c’est celle qui doit nous pousser à être nous-mêmes. Sans transition. 

Nous savons tous où beaucoup de transitions tous azimuts nous déposent. Personne n’est dupe. Le combat que certains mènent en Afrique est loin d’être un combat panafricain. C’est un combat pour la Russie, donc pour leur ventre. Leurs démarches le prouvent avec brio. Voici quelques démonstrations.

La démocratie n’a pas été respectée en Centrafrique où les velléités de Faustin Archange Touadera pour un troisième mandat sont très concrètes. Le seul recours pour ce proche de Poutine est de balayer la décision de la Cour Constitutionnelle et de limoger la présidente de l’institution Danielle Darlan. 

Nous avons aussi vu un Macky Sall qui, au-delà de ses errements, a accepté la décision du Conseil Constitutionnel d’organiser les élections présidentielles avant la fin de son mandat. Nous sommes au pays de la Terenga qui vient d’organiser ses élections présidentielles. Quelle maturité de démocratie !!!

En Ouganda, le vieux Président Yoweri Musseveni, épuisé, refuse de quitter le pouvoir. Pire, il prépare son fils, le très controversé Muhoozi Kainetugaba  pour le remplacer. Étant proche du Kremlin qu’il a d’ailleurs appelé ouvertement à venir exploiter le pétrole en abondance dans son pays, tout simplement, parce qu’il sait que sous le couvert du maître du Kremlin, il pourrait continuer à opprimer son opposition surtout, Robert Kyagulanyi alias « Bobi Wine » et continuer à diriger le pays comme sa boutique.

Les panafricains sont toujours aux abonnés absents. Mais quand Ousmane Sonko et Diomaye Faye étaient en prison et opprimés, ils pouvaient facilement parler.

Comment comprendre le silence de nos leaders panafricains quand au Mali, on a des bavures des forces de sécurité et de leurs amis russes à répétition ? Quand les voix qui dénoncent sont réprimées et envoyées en prison ?

Quand au Burkina Faso, il suffit de critiquer Ibrahim Traoré, vous êtes envoyés au front ou jetés en prison ? Alors qu’on reproche les mêmes choses à Faure Gnassingbé au Togo, à Alassane Dramane Ouattara en Cote D’Ivoire ?

Comment se fait-il qu’au Cameroun, les opposants soient jetés en prison, surtout les leaders proches de l’opposant Maurice Kamto, les journalistes soient  assassinés, la corruption ait érigé son siège, mais les panafricains n’en parlent pas ? Par ailleurs, Nathalie Yamb par exemple est amie de la première dame Chantal Biya ?

Comment se fait-il qu’ils désertent l’Afrique Centrale avec plein de chantiers (Congo-B, RDC, Gabon, Guinée Équatoriale, Angola) pour s’occuper de l’Afrique de l’ouest ? Tout simplement parce que cette partie de l’Afrique est fertile pour eux? Les exemples sont légions.

Notre combat, contrairement à certains, n’est pas d’opposer les Africains par la passerelle des combats des puissances mais de leur dire qu’en ce moment précis, l’Afrique doit se prendre en main.

Aujourd’hui, beaucoup de pays de l’ancien bloc Soviétique fuient la Russie. Pourquoi? L’Arménie a demandé aux forces russes de quitter leur territoire progressivement à partir du 1er Août 2024. Comme le Niger, le Burkina, le Mali l’avaient demandé à la France.

Personne ne demande à l’Inde, à la Chine de le suivre. Ces pays savent prendre aujourd’hui leurs décisions. Car ils sont eux-mêmes. Et ont farouchement bataillé pour être ce qu’ils sont aujourd’hui. Des décennies en arrière, l’Afrique était en avance sur eux.

Il est impératif que l’Afrique commence par se réinventer, par fabriquer son propre  modèle. A tous les niveaux. Que personne ne vous trompe. Nous en sommes capables. Pas vouloir quitter des forces nuisibles pour d’autres. Nous laisserons encore du travail cinquante ans après à nos enfants ou à nos arrières petits-enfants comme nos aïeux l’avaient fait. Aucune puissance n’aime l’Afrique. Seuls ceux qui sont à leur solde peuvent nous faire croire le contraire.

C’est dommage, ce triomphe des faux panafricains.

Michel Glory SAMUEL TAKPAH

Journaliste togolais