Alors que la France s’est retirée de plusieurs pays du Sahel, comme le Mali, le Burkina-Faso, le Niger, d’autres pays africains se sont joints au mouvement. En effet, le Sénégal et le Tchad ont annoncé une “presque rupture” des relations militaires entre la France et leur pays. Dans le détail, il s’agit pour la Sénégal de fermer la base française dans le pays, et pour le Tchad, d’annoncer la fin de la coopération militaire. 

Cette décision qui va dans la suite logique des mouvements anti-français observés ces dernières années en Afrique subsaharienne, vient doper l’impression de perte d’influence de la France, relevée par tous les observateurs.

A la différence du Mali et du Burkina-Faso, la particularité avec le Tchad et le Sénégal étant que ces pouvoirs ont été reconnus par le pays d’Emmanuel Macron. Cette forme de légitimité et de souveraineté républicaine qui habille les décisions du Tchad et du Sénégal met la France en porte à faux dans la réponse diplomatique à donner.

Pour l’instant, si la réaction du Quai d’Orsay reste mesurée, il faut noter que la France a d’hors et déjà entamé, depuis plusieurs mois, une refonte de la coopération en Afrique. Dans ce sens, un rapport sur la reconfiguration du dispositif militaire français en Afrique, prônant un partenariat « renouvelé » et « co construit » a été soumis au président Macron.  

Perte d’influence de la France en Afrique : un recul mondial ?

Selon plusieurs experts, cette perte d’influence française en Afrique est le fruit de la conjoncture géopolitique mondiale. 

Dans un premier temps, une souveraineté française prise partiellement en otage par la souveraineté européenne et les commis de Bruxelles, segundo, une image d’une France dont le paysage politique national semble être en déliquescence, avec des crises fréquentes. 

On peut dans cette même dynamique d’analyse relever  la perte de confiance et de popularité du président français Emmanuel Macron , qui jusque dans son propre camp ont vu naître des détracteurs. 

Selon plusieurs instituts de sondage , de recherches et d’analyses, le président Macron fait partie des dirigeants les moins appréciés des pays de l’OCDE.

A cette image du président français, on compte parmi les facteurs de recul de l’influence française, l’impopulaire décision de ce dernier de supprimer le Corps Diplomatique et celui de la fermeture de l’ENA, remplacée par l’Institut national du service public (INSP).

Notons que la perte d’influence de la France en Afrique s’est imprimée dans le réel. Selon les chiffres fournis par le gouvernement, les parts françaises du marché au sud du Sahara ont été divisées par deux en vingt ans. De 7 % en 2005, elles atteignent seulement 3,2 % en 2023. 

La chute est particulièrement marquée dans certaines anciennes colonies, comme au Sénégal où les entreprises hexagonales ont perdu 12 points depuis 2006. Les exportations augmentent en volume, mais beaucoup moins que la taille du marché africain. 

En face, les sociétés chinoises, turques ou indiennes ne cessent de gagner du terrain.

Michel Glory Samuel TAKPAH, Journaliste togolais