Les dirigeants des pays africains sont réunis à Pékin, où se tient le neuvième Forum sur la coopération sino-africaine (Focac). Au total, on compte une vingtaine de chefs d’Etats africains, au rang desquelles, Paul Biya du Cameroun, Mamadi Doumbouya (Guinée), Assimi Goïta (Mali) ou encore Brice Oligui Nguema (Gabon). 

Réuni cette année autour du thème : « S’associer pour promouvoir la modernisation et construire une communauté d’avenir partagé Chine-Afrique de haut niveau », l’empire du milieu entend ainsi consolider avec le continent les profonds liens commerciaux déjà établis et anticiper sur les défis et en enjeux futurs. 

La Chine au cœur des investissements en Afrique

Pour la quinzième année consécutive la Chine garde son rang de premier partenaire commercial de l’Afrique. Une position qui nécessite cependant une revue conséquente de la politique commerciale vis-à -vis des défis et enjeux futurs. En effet, l’empire du milieu demeure le  premier investisseur dans les pays africains mais aussi leur premier créancier.

Ainsi au premier semestre 2024, les échanges bilatéraux se sont établis à hauteur de 167,8 milliards de dollars (151,8 milliards d’euros) selon des sources officielles chinoises. 

En 2023 par exemple, la Chine a réalisé 282,09 milliards de dollars d’échanges commerciaux avec les pays africains.  En comparaison, en cette même année 2023, les échanges commerciaux entre la France et l’Afrique subsaharienne (dont 48 pays/54) se comptaient 27 milliards de dollars.  

“Chinafrique”, relation déséquilibrée

Les chiffres séduisants et grandioses que présente la cartographie des échanges entre l’Afrique et la Chine voilent une réalité peu reluisante. En effet, les détracteurs de cette coopération arguent que la  » Chinafrique  » se caractérise, non pas par une interdépendance mutuelle, un deal gagnant-gagnant, mais plutôt par une asymétrie économique et financière renouvelée de l’Afrique à l’égard de la Chine.

Ainsi, on note un risque élevé de surendettement de plusieurs pays africains à l’égard du géant chinois, avec la quasi impossibilité pour ces pays de rembourser les prêts contractés. A travers son bras financier d’Afreximbank, la Chine a octroyé l’année écoulée près de 05 milliards de dollars en prêts. Ce qui représente quand même un faible montant comparé au 30 milliards de dollars octroyés en 2016. 

Malgré ce risque d’insolvabilité que cours beaucoup de pays africains au point de voir certains de leurs biens être saisis ou être exploités à défaut du remboursement, beaucoup  continuent de rester dans le système de prêts chinois. 

La Chine a ainsi, selon des chiffres fournis par Afreximbank, 134 milliards de dollars de prêts en cours avec les pays africains, provenant de l’argent qu’elle leur a prêté pour le développement. Elle détient également environ 20 % de la totalité de la dette des pays africains envers le reste du monde.

Du reste, il est à relever que ce déséquilibre tient du fait que malgré qu’elle représente 18% de la population mondiale, l’Afrique ne pèse que 3% de part dans le commerce mondial selon un rapport de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA). 

On dénombre dans le même temps quelque 3 000 entreprises chinoises en Afrique.

Michel Glory Samuel TAKPAH, Journaliste Togolais