L’agriculture et son rôle dans le développement économique demeurent l’un des sujets les plus importants de la nouvelle politique togolaise. Le pays a fait de la transformation structurelle de ce secteur, dont le potentiel est quasi illimité, une priorité. En plus de mobiliser les partenaires internationaux autour des producteurs agricoles nationaux, le président togolais, Faure Gnassingbé, s’investit personnellement pour atteindre l’autosuffisance alimentaire de son pays grâce à plusieurs programmes clés.
L’agriculture reste un moteur de choix dans l’économie des pays en développement, stimulant la croissance. Au Togo, sa contribution au PIB tourne autour de 40%. Cependant, seulement 0,5% des crédits bancaires sont accordés à ce secteur, en raison de la réticence des établissements financiers face au retour sur investissement relativement lent que promettent les résultats du secteur.
Pour remédier aux difficultés rencontrées par les producteurs dans leur quête de financement pour les cultures de rente destinées à l’exportation, le Togo a lancé en juin 2018 un mécanisme de financement agricole moderne, participatif et inclusif. Il s’agit d’un mécanisme incitatif de financement agricole basé sur le partage des risques, visant à impacter de manière significative les revenus et les conditions de vie des agriculteurs.
Lancement du MIFA en 2018
Afin d’augmenter le volume de financement alloué au secteur agricole, le gouvernement togolais a lancé en juin 2018 le Mécanisme Incitatif de Financement de l’Agriculture (MIFA). Ce mécanisme a été soutenu par d’importants partenaires au développement du Togo, tels que la Banque Africaine de Développement (BAD), la Banque Mondiale, l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Union Européenne. Le MIFA a contribué à faciliter le financement du secteur agricole togolais par les institutions financières.
Le MIFA a favorisé le développement des industries de transformation agricole en renforçant les capacités des acteurs, en contribuant à la professionnalisation des filières agricoles grâce à la structuration des chaînes de valeur, et en encourageant la création de produits assurantiels et technologiques innovants et adaptés. Cinq ans après son lancement, le MIFA a réussi à coordonner un financement total de 12,5 milliards de FCFA en faveur de milliers d’agriculteurs.
Ce montant représente seulement une partie des 650 milliards de FCFA prévus par le projet pour financer les producteurs de céréales, de tubercules, d’oléagineux, de fruits, de protéagineux et de produits carnés. Les premiers investissements ont créé des milliers d’emplois directs et indirects, dont plus de 100 000 ont été officialisés en 2020. En plus de la création d’emplois, le MIFA a boosté les revenus des producteurs agricoles et contribué à la réduction de la dépendance aux importations alimentaires.
Cependant, l’autosuffisance alimentaire demeure un autre défi auquel le président togolais souhaite faire face. Il a lancé cette année le Forum des producteurs agricoles togolais (FoPAT).
Une politique agricole repensée après la Covid
La pandémie de la Covid-19 a mis en évidence l’importance de réduire la dépendance du Togo, ainsi que de nombreux autres pays, aux importations agricoles. Cette dépendance excessive pourrait entraîner une crise alimentaire en cas de perturbations dans les chaînes d’approvisionnement. Les conséquences désastreuses liées aux ruptures de stocks de produits agricoles ou de leurs dérivés, souvent importés, ont été flagrantes, provoquant une hausse des prix sur les marchés internationaux et nationaux.
Cette dépendance alimentaire s’est encore accentuée au début du conflit entre la Russie et l’Ukraine, lorsque d’importantes quantités de produits céréaliers ont été bloquées dans leur transit de l’Occident ou du Moyen-Orient vers l’Afrique. Malgré sa résilience remarquable face à ces crises, le Togo a également souffert des deux crises mentionnées précédemment.
Face aux conséquences des crises mondiales sur l’alimentation, le Togo a repensé sa politique agricole. Conscient de l’importance de l’agriculture pour la sécurité alimentaire nationale, le président togolais a lancé en avril 2023 la première édition du Forum des producteurs agricoles togolais (FoPAT).
Le FoPAT a permis à Faure Gnassingbé de rencontrer les producteurs dans tous les chefs-lieux des différentes régions économiques du pays. Au contact des premiers acteurs du secteur agricole, il a découvert les défis réels auxquels ces derniers sont confrontés.
Cela a permis au président de faire passer un message fort aux producteurs agricoles : « Nous devons produire autant que possible ce que nous consommons, afin de réduire notre dépendance à l’égard des importations, notamment en matière de produits alimentaires. Nous créons les conditions pour que l’agriculteur change de statut social et devienne un entrepreneur. »
D’ailleurs, à la fin de cette tournée, les producteurs ont bénéficié d’un financement de l’Union européenne d’un montant total de 114 millions d’euros pour soutenir le développement d’une agro-industrie durable au Togo et la protection de l’environnement.
Deux projets ont bénéficié de ce financement : le Projet de renforcement des systèmes alimentaires pour un accès durable des petits producteurs aux intrants agricoles (Pro-SADI) et le Projet d’alimentation scolaire intégrée basée sur la production locale dans les écoles primaires publiques du Togo.
Malgré ces différents programmes, le Togo ne manque pas de perspectives pour développer davantage une agriculture forte dans le but de réduire la dépendance aux importations alimentaires et garantir l’accès à une alimentation adéquate pour la population. L’un des objectifs poursuivis grâce à ces efforts de financement du secteur est le développement rural et la réduction.
Cassidy PINTO