Alors que se profile une nouvelle session ordinaire de l’organisation panafricaine, l’agenda de la rencontre laisse transparaître une presque absence des sujets brûlants. En effet, les grandes crises politiques et sécuritaires, voire même communautaires (ex: CEDEAO) s’avèrent ne pas être à l’ordre du jour.
Une situation qui va dans la droite ligne des critiques reçues ces dernières années par l’UA que certaines voix accusent d’être le supplétif de forces occidentales.
UA : entre indépendance et “équilibrisme”
Créée le 9 juillet 2002 à Durban (Afrique du Sud), sur les ruines de l’ancienne organisation OUA (Organisation de l’Unité Africaine), l’UA s’est donnée pour mission d’œuvrer à la promotion de la démocratie, des droits humains et du développement à travers l’Afrique.
Comptant aujourd’hui 55 Etats membres, elle a subi tout au long de son histoire, des crises aussi diverses que variées. Cette kyrielle de crises a ainsi mis à rude épreuve sa capacité à s’auto-gérer et à pouvoir atteindre ces objectifs de base.
Très vite, l’organisme va alterner le bon et le moins bon. Entre les crises politiques togolaises de 2005, et les sanctions économiques contre le Zimbabwe qui se sont soldées par un effet contre-productif, l’UA a déjà dans la gestion des crises, des critiques qui fusent.
Dans la prévention des conflits et crises, notamment au Soudan et particulièrement au Darfour, l’organisation va se confronter au problème de logistique et de ressources humaines qui vont entamer sa réputation d’organisation libre et indépendante.
L’Union africaine qui se voit contrainte de déployer 7 000 soldats de maintien de la paix, va bientôt se heurter à la question du financement; situation qui entraîne une inefficacité des forces de maintien de la paix, du fait du manque de fonds, de personnels et d’expertise.
Comment une organisation continentale sous-financée, et/ou financée par l’étranger peut-il être efficace ?
Selon l’organisation elle-même, qui précise que “l’UA n’est pas financée de manière prévisible, durable, équitable ou responsable. Elle dépend fortement du financement des bailleurs de fonds pour gérer ses programmes et ses activités, ce qui est aggravé par le fait que plus de 40 % des États membres ne versent pas leurs contributions annuelles à l’Organisation.”
Une communication aux allures de mea-culpa, dans un contexte exacerbé par les crises et tensions géopolitiques entre le bloc occidental et l’est. Car, il faut le rappeler, l’ONU et l’UE sont les premiers partenaires du bloc africain, l’UE étant le principal contributeur au budget de l’UA. A cette dépendance budgétaire s’ajoute le fait que, le siège et les autres installations ont été construits par des pays comme la Chine (et plus tard l’Allemagne).
Plus en détail, le siège de la Commission de l’UA et les installations de l’Africa CDC ont été financés et construits par la Chine. La construction du bâtiment Julius Nyerere, qui abrite le département des affaires politiques, de la paix et de la sécurité, quant à elle, a été financée par l’Allemagne.
Une violation complice de souveraineté à laquelle s’est exposée l’UA, et toute l’Afrique avec elle. Une léthargie et une espèce de manque d’ardeur face à la réalité ambiante des peuples. Il est plus actif de voir des Etats s’investir dans les communications et des mises au flambeau de potentiels candidats à la commission de l’UA (et à ces autres organismes), que de les voir se bousculer à porter les aspirations réelles des peuples.
Bâtie sur le modèle de l’Union Européenne, il est clair et urgent que l’UA se doit de redéfinir un modèle de gouvernance, d’administration et de coopération. Elle devrait, avec la volonté des chefs d’Etats et de gouvernements, sortir du corpus purement administratif et élitiste dans lequel elle semble être depuis des années.
Michel Glory Samuel TAKPAH, Journaliste et économiste togolais