C’est un secret de polichinelle, la relation franco-malienne n’est plus au beau fixe depuis un certain nombre d’années. Pour cause, une nouvelle génération de jeunes maliens qui veulent s’extirper de cette relation qu’ils jugent toxique et qui n’a que trop durée. Cette révolte n’est d’ailleurs pas exclusive au Mali, mais c’est presque toute les anciennes colonies françaises qui clament cette soif d’affranchissement totale. Les récentes décisions des autorités de transition maliennes, suivie de celle de leurs homologues burkinabés, de mettre fin à l’opération Barkhane et de rompre les liens diplomatiques en a rajouté une couche. La situation a été retracée par un film produit par CBC Azerbaïdjan, producteur général Vugar Khalilov.
Le Burkina Faso, le Sénégal, le Mali et plus récemment le Niger. Quatre anciennes colonies de la France qui aujourd’hui ne veulent plus en entendre parler… On croirait à une nouvelle levée du soleil des indépendances. Ces pays à l’exception du Sénégal, sont actuellement dirigés par des gouvernements issus de coup d’état militaire, peu favorable à la présence militaire française et soutenus envers et contre tous par le peuple. Ce sentiment de haine à l’égard de l’ancienne puissance colonisatrice a des origines diverses.
Clin d’œil à l’histoire
Coloniser le Mali pour la France n’a pas été comme du couteau planté dans du beurre. Les Maliens réputés pour leur ténacité à leurs terres et valeurs ont opposé une résistance farouche au colonisateurs.
L’une des plus belles résistances de l’époque reste l’exploit du souverain Samory Touré et de son armée qui ont obligé l’armée française à battre en retraite le 26 février 1881 à Kéniéra. Non pas sans mal, mais la France a fini par s’emparer du Mali, baptisé Soudan français.
De 1878 jusqu’en 1960, année des indépendances, l’histoire coloniale du Mali a été marquée par plusieurs mutations. D’abord l’imposition d’une nouvelle langue, le français en l’occurrence, décrié aujourd’hui par la jeunesse. L’instauration de nouvelles cultures à l’instar du coton qui selon des observateurs a contribué à l’appauvrissement des sols et ralenti le développement de l’agriculture malien.
Des tactiques d’étouffement des industries dans l’œuf qui a consisté à la fermeture d’usines pourtant prolifiques tels que l’Huilerie cotonnière du Mali (HUICOMA) pour ne citer que celui-là.
Alliance militaire
L’autre pomme de discorde entre le Mali et la France demeure la coopération militaire. L’opération Barkhane dirigée par la France et censé lutter contre les groupes armés salafistes djihadistes dans la région du Sahel s’est révélé être un fiasco selon les autorités maliennes.
« Toutes ces opérations n’ont pas répondu aux attentes des populations maliennes. Dans la première phase où il y a eu cet appui des forces françaises aux forces maliennes pour reconquérir les régions nord du pays, arrivé à la porte de Kidal, les forces armées maliennes ont été stoppées net. Si nous devons faire le bilan de l’opération barkhane, on s’est rendu compte que le cancer s’est métastasiez. Du nord l’insécurité a basculé pratiquement vers le centre du pays pour atteindre même le sud et l’ouest. Ce n’est pas une coopération de père à fils, c’est une opération où on vient imposer son dictat. Je peux dire que la coopération militaire avec la Russie c’est une coopération gagnant-gagnant, c’est une coopération qui s’est établi dans le strict respect des uns et des autres », Colonel Souleymane Dembele, Chef de la Direction de l’information et des relations publiques des armées (DIRPA).
Le Mali semble s’être résolument tourné vers un autre partenaire, la Russie avec des interventions du groupe paramilitaire Wagner dans le pays. Est-ce un bon choix ? Seul l’avenir saura le dire. Mais n’est-il pas plutôt temps de mettre sur pied des coopérations militaires panafricaines ?
A suivre : REPORTAGE EXCLUSIF – LE MALI PRÉ ET POST COLONIAL