La Coupe d’Afrique des nations 2023 organisée par la Côte d’Ivoire prend le dernier virage vers le sacre. Derrière les frissons sportives, se cachent des personnes qui sont au service et aux chevets des acteurs à tous les niveaux. Ces travailleurs dans l’ombre sont les volontaires. L’Édito s’est entretenu, le 31 janvier 2024, avec Oumar Sacko, chef de département du programme Volontaires au Comité d’organisation de la Coupe d’Afrique des nations (COCAN) 2023. Lors de cette interview exclusive, l’ingénieur informaticien de formation en charge dudit projet depuis le 15 février 2022, à éclairé sur les mécanismes, les missions, les conditions de travail et l’impact des volontaires.

L’Édito : Qu’est-ce que le programme Volontaires ?

Oumar Sacko : Le programme Volontaires est un système de recrutement et de gestion des citoyens qui se sont volontairement prononcés pour aider l’organisation de la CAN. Les membres du COCAN appuyés même par ceux de la CAF ne peuvent pas, à eux seuls, organiser la CAN. Il faut de la main d’œuvre, d’où l’idée du programme Volontaires.

Le programme Volontaires fait partie du cahier de charge de l’organisation de la compétition. C’est la CAF qui demande qu’on programme Volontaires, géré par le comité local, soit mis sur pied en rapport avec ses équipes. Ainsi, le programme a été mis en place et piloté par le Comité d’organisation mais nous sommes en contact avec un expert CAF sur le sujet. L’idée du programme vient de la CAF pour aider dans tous les compartiments de l’organisation.

Quels sont les compartiments dans lesquelles les Volontaires interviennent ?

Le COCAN 2022 a onze commissions techniques. Chacune des commissions est sur un périmètre précis de l’organisation. De la commission organisation des matchs jusqu’à la billetterie en passant par la commission sécurité ou en encore médicale, toutes ces commissions ont besoin d’un renforcement du personnel et ce sont les volontaires. Ils interviennent sur ces différents compartiments et remplissent les missions dévolues. 

Les missions étant diversifiées, quelle est la catégorisation des volontaires ?

On a trois grandes catégories de volontaires. Il y a les volontaires rattachés à la sécurité qui sont les stadiers. Les volontaires rattachés à la santé notamment les médecins, kinésithérapeute, les secouristes, les ambulanciers. Et la troisième catégorie,  ce sont les volontaires d’engagement.

Pour les volontaires à la sécurité, ce sont des élèves policiers et élèves gendarmes. Au niveau des volontaires à la santé, ce sont des professionnels de la santé. Ils se sont mis à la disposition du comité d’organisation en tant que volontaires pour cette compétition.

Pour les volontaires d’engagement, ils sont les plus nombreux. A ce niveau, il suffit que la personne soit majeure à la date du premier janvier 2024, qu’elle se soit engagée d’elle même et librement. Dans ce lot, on a des professeurs d’université, des enseignants, des cadres de l’administration publique, des privés et des jeunes majoritairement étudiants.

Pour les volontaires d’engagement, pour les dispatcher sur les différentes commissions, on regarde le profil. On a  beaucoup tenu compte du fait que les gens soient bilingues, un critère très avantageux ; le niveau d’études car il y a des postes auxquels l’affectation requiert un niveau. La disponibilité et le lieu de résidence ont également été jaugés afin de recruter la main d’œuvre de chaque localité où la compétition se déroule de sorte que nous ayons une CAN vraiment inclusive qui prend en compte la jeunesse de chaque ville hôte. 

Quels ont été le processus et le mécanisme de recrutement des  volontaires ?

Du 18 au 31 juillet 2023, nous avons mis en ligne un formulaire d’inscription. La santé et la sécurité étant des domaines sensibles, leur recrutement ne s’est pas fait en ligne. On s’est appuyé sur les écoles de police et de gendarmerie ainsi que les centres sanitaires des différentes villes. L’inscription en ligne a été pour les volontaires d’engagement et sur les 6000 recherchés nous avons enregistré au total 106.000 candidatures.

Il y a-t-il des volontaires recrutés à l’extérieur de la Côte d’Ivoire ?

En effet, oui. Nous avons reçu 6000 candidatures internationales et nous en avons retenu une centaine pour en faire des volontaires internationaux.

Quel est les nombre total des volontaires à cette CAN 2023 ?

 En somme, c’est 2500 volontaires au niveau de la sécurité, 1500 volontaires au niveau de la santé et 6000 volontaires d’engagement. Soit un total de 10.000 volontaires dont 3700 à Abidjan. 

Avant la CAN, les volontaires ont-ils été formés sur leurs missions ?

La direction exécutive du COCAN a insisté sur la formation. Donc quand on a commencé les recrutements, on a eu la chance d’organiser des matchs. Les Éléphants ont joué à San Pedro, à Abidjan. La Côte d’Ivoire a également eu la chance d’abriter la Ligue des Champions Féminine CAF. Les volontaires ayant été déjà présélectionnés, ces matchs ont été pour nous l’occasion de faire des tests. 

Et en dehors de ces matchs, on a arrêté, avec l’Office national du sport en charge des infrastructures sportives, un agenda de visite des stades parce que le volontaire doit maîtriser l’environnement dans lequel il doit travailler de sorte à pouvoir orienter les spectateurs, les journalistes, les invités… Ont leur a appris la nomenclature des tickets conformément avec le parcours du spectateur jusqu’à son siège indiqué.

Après plus de deux semaines de compétition, quels retours avez-vous sur les volontaires ?

Personnellement, jai de bons retours, notamment au niveau de la CAF. Toujours est-il que dans les bons retours, il y a parfois des choses à corriger. On a eu récemment un incident à Yamoussoukro où un stadier a empêché une autorité de descendre sur l’aire de jeu alors qu’elle portait sa super accréditation. Il y a de ces petits incidents mais les représentants des volontaires dans chaque ville joue sa partition. De toute façon, les volontaires ont signé un engagement sur honneur et ils savent qu’ils sont tenus d’être responsables dans leurs missions car le COCAN se réserve le droit de les poursuivre et ça peut prendre une tournure pénale parce que c’est quand même un événement très sérieux.

Le Programme Volontaires est abouti ou y a-t-il des aspects à améliorer ?

A un moment, on a été surpris par le temps parce qu’on a eu un report se 6 mois mais bon, on ne peut avoir tout le temps dont on a besoin dans une organisation. Après, je ne sais pas si c’est parce que suis perfectionniste, mais on avait initié un système de pointage de vérification de présence avec reconnaissance faciale mais on avait traîné sur la mise en œuvre car il y avait des contrats à valier donc ce système a été limité à Abidjan. J’aurai donc voulu que cela soit également implémenté dans les autres villes sur les autres stades. 

Quelles sont les conditions de travail des Volontaires ?

On a mis à remis à chaque volontaire un kit assez consistant de cinq t-shirt, deux casquettes, chaussures, survêtements. En ce qui concerne les volontaires d’engagement, il y a une allocation forfaitaire de 300.000 FCFA par volontaire à Abidjan, 250.000 FCFA pour Bouaké et 200.000 pour les autres villes. On a déjà payé la première tranche sur tous les sites le reste sera versé à la fin de la compétition. Les médecins et les stadiers sont sous un autre régime. Je crois que les médecins ont un perdiem un peu plus élevé et les stadiers ont une allocation par rapport à leur statut. Nous avons mis à leur disposition des bus pour le transport et il ont également la restauration.

S’il faut se noter sur une échelle de 10, quelle sera votre moyenne ? 

Sur une échelle de 10, on est au moins à 6. Mais les gens à qui le service profite nous donnent entre 8 et 9. 

Quel sera l’avenir des volontaires et du programme après la CAN ? 

En partenariat avec le ministère de la Promotion de la Jeunesse, qui est la tutelle du volontariat en Côte d’Ivoire, la base de données qui a été utilisée sera transmise à ce ministère. Selon ce que le ministère a promis, le fait qu’ils aient participé à ce programme aussi important pourrait leur donner des opportunités de chance en cas de compétition sur des postes éventuels. 

Après, je pense que chaque volontaire pourra individuellement capitaliser cette expérience en utilisant a bon escient le certificat signé par le secrétaire général de la CAF et le président du COCAN.

Votre mot de fin…

Déjà je félicite les volontaires dont les sites sont déjà fermés. Mes félicitations et mes encouragements aux volontaires des sites restant. Je leur demande de rester courtois, disponible jusqu’au départ du dernier spectateur ou visiteur en Côte d’Ivoire.

Merci à l’Afrique d’avoir participé à cette CAN parce qu’on dit chez nous que les pieds ne vont pas là où le cœur n’y est pas. Si ont a eu cette affluence massive des populations étrangères et des visiteurs en Côte d’Ivoire, cela veut dire que c’est un pays qui appelle. Les autorités ivoiriennes ont créé cet accueil chaleureux. Parce que la CAN n’est pas seulement la qualité dea infrastructures. C’est aussi la qualité des honmes.

Edem Attipoe (Marcory, Côte d’Ivoire)

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