La République démocratique du Congo (RDC), va changer sa constitution. C’est ce qu’a annoncé récemment le président de la République en exercice, Félix Antoine  Tshisekedi, alors qu’il a entamé depuis 2024 son second mandat. Ce projet de modification constitutionnelle soutenu par son parti Union pour la Démocratie et le Progrès social (UDPS), permettra ainsi, de l’avis de plusieurs, au numéro 1 congolais de se représenter à une nouvelle échéance présidentielle. 

Selon le président, ce changement voulu est motivé par le fait que la constitution originelle héritée de l’élite intellectuelle décoloniale est un pal plagiat de ce qui se fait ailleurs. « Notre constitution n’est pas bonne. Elle a été rédigée à l’étranger par des étrangers et surtout en temps de guerre. Il faut une Constitution sur la base de nos réalités », a précisé Félix Antoine  Tshisekedi Tshilombo .

Dans le détail, « l’année prochaine une commission nationale comprenant plusieurs disciplines sera installée pour réfléchir sur la Constitution », a ajouté le président congolais. 

Modification constitutionnelle, train-train africain

Cette annonce qui sonne comme un air de déjà vu vient s’ajouter à la longue liste des projets de révisions constitutionnelles entrepris sur le continent. Ce qui devient une habitude africaine résonne à double échos : primo comme un manque d’imagination et de créativité de la part des chancelleries africaines et secundo comme un mouvement d’époque où les ruptures avec l’occident semblent être la parfaite excuse à tous les égarements démocratiques.

Rien qu’en 2023-2024 on dénombre un peu plus de 05 projets (réels) de modifications de constitution en Afrique subsaharienne, parmi lesquelles on peut citer le Gabon, le Togo, le Mali ou encore le Tchad. Les arguments des tenants du changement constitutionnel étant principalement la non-conformité des lois fondamentales aux réalités sociologiques des pays, il est quand même opportun  de s’interroger sur le respect en amont des valeurs républicaines et de la souveraineté populaire.

Aussi, selon plusieurs experts , ces projets manquent cruellement de satisfaire au sacro-saint critère de la “dépersonnalisation”, gage d’une certaine légitimité aux modifications souhaitées. 

Cet état des choses fait planer sur la tête de nombreux Etats africains, un sentiment d’éternel recommencement, dans la quête d’une solution démocratique et d’un Etat-Nation abouti.

Les innovations démocratiques, comme dans le cas de la RDC, ne répondent ainsi ni au critère d’obsolescence, ni au critère de contexte historique et politique actuel, si on se réfère aux priorités du pays, notamment la guerre et la crise humanitaire  qui déchirent l’Est depuis plusieurs années. 

En rappel, la première Constitution de la République démocratique du Congo date de 1964, soit 4 ans après son indépendance. Elle s’est ensuite dotée d’une deuxième en 1967.

Le texte a subi en effet des modifications à plusieurs reprises, avant qu’une nouvelle Constitution ne soit adoptée par référendum en 2005 et entrée en vigueur en 2006. La dernière modification date de 2011 touchant uniquement 8 articles sur 229.

Michel Glory Samuel TAKPAH, Journaliste togolais.