Au Maghreb, près d’une décennie après le printemps arabe, l’espoir d’une gouvernance libre et démocratique semble lointain. C’est ce qu’indiquent plusieurs rapports sur l’indice de démocratie et la liberté de la presse, publiés ces dernières années.
D’Alger en passant par Tunis ou encore Le Caire, la difficile souplesse des régimes présidentiels post-révolution inquiète plusieurs observateurs. Des gouvernements qui ont gardé des réflexes des régimes précédents notamment dans la manière d’organiser les scrutins, surtout présidentiels.
De la “République inflexible”
Au Maghreb, le système politique républicain a du plomb dans les ailes. Excepté le Maroc qui est une monarchie constitutionnelle, la Tunisie, l’Algérie ou encore l’Egypte font face à la difficile applicabilité de la démocratie à suffrage universel.
Les présidents qui se succèdent font souvent preuve d’idéologie radicale, appartenant le plus souvent à des camps et des courants de pensées politico-religieuses qui renvoient à la question de l’irrémédiable indépendance de l’Etat en tant qu’entité suprême; des théocraties à peine voilées.
Dans ce sens, on peut relever le cas des “Frères Musulmans”, organisation islamiste sunnite transnationale disposant d’un appareil militaire qui a pour mission de contrer « l’emprise laïque occidentale ».
Malgré qu’ils aient été les grands gagnants des « printemps arabes » de 2011, en Egypte et en Tunisie, les Frères musulmans n’ont pourtant pas réussi à construire un idéal social étatique adapté à leur population. L’idée d’un grand empire islamique n’a pas survécu aux réflexes libertaires des peuples habitués en quelque sorte au système Etat-Nation.
Entre islamisme et régimes militaires
Depuis la fin des printemps arabes et l’implosion de l’Etat lybien, moult militaires se sont succédés à la magistrature suprême des pays du Maghreb. En Egypte en particulier, le challenge entre islamisme et régimes politiques tenus par des militaires a atteint son paroxysme avec la prise de pouvoir de Mohamed Morsi, un civil issu des Frères musulmans.
S’installe alors un duel inévitable entre conservatisme intrinsèque et réalité politique de lancer de relancer l’économie. Un état des choses qui a profité à l’armée qui a repris le pouvoir qui par la suite s’est inséré dans le giron du jeu politique civil.
La Libye quant à elle, depuis la chute de Mouammar Kadhafi est dirigée par 02 militaires qui se réclament du pouvoir central à coup de séduction et de lobbies internationaux.
La Tunisie même si elle semble aller dans des successions civiles plus stables, elle connaît un regain de l’ultra-nationalisme avec un pouvoir centralisé à l’exécutif, le président s ‘arrogeant la quasi-totalité des pouvoirs.
Cet état global de crispation autoritaire, entre envie d’un pouvoir réligieux et un absolutisme militaire fait reposer la question du modèle politique des Etats qui ont hérité des modèles qui ne semblent pas adaptés à leur espace social.
Cette même question de la difficile succession et continuité de l’Etat, semble être pour la plupart, la base des multiples crises dans plusieurs pays africains.
Michel Glory Samuel TAKPAH, Journaliste togolais