En 1977, l’ancien président du Togo, feu Gnassingbé Eyadema, a initié une journée dédiée à l’arbre célébrée tous les « 1er juin » de chaque année, où la tradition voudrait qu’on plante des arbres en faveur de l’environnement. La 45è édition de cette journée a été observée le mercredi 1er juin 2022. Plus le temps passe, plus l’humanité est confrontée aux changements climatiques, à la biodiversité. Le Togo n’étant pas exempt des enjeux environnementaux, notre rédaction s’est entretenue avec des environnementalistes togolais, sur l’analyse qu’ils font de la célébration de la journée de l’arbre au Togo.
Quelle appréciation faites-vous de la manière dont la journée de l’arbre est célébrée ? Sentez-vous des résultats après chaque célébration ? Que pensez-vous de ces résultats ? Quels sont les défis à relever vis-à-vis de cette journée ? Autant que questions auxquelles ont répondu quatre citoyens spécialistes des questions environnementales et engagés pour un Togo vert.
Très belle initiative, on ne peut que l’apprécier
D’après Hector Nammangue, président de l’Association Togolaise des Journalistes Engagés pour l’Environnement (ATJ2E) « Aujourd’hui, si vous sillonnez l’Afrique de l’ouest et que vous arrivez au Togo, vous vous rendrez compte que le Togolais sait planter un arbre. Ceci est dû à la journée de l’arbre. Cette journée instaurée est devenue une habitude aux Togolais et c’est à partir de ce moment qu’on peut dire que les Togolais ont compris ce que c’est que de se réconcilier avec la gestion de l’environnement. C’est une très belle initiative et on ne peut que l’apprécier ».
« L’implication du gouvernement, des autorités locales et des ONG à travers les sensibilisations, des ateliers de renforcement de capacités en amont et lors de cette journée de l’arbre, encourage positivement les citoyens togolais à investir dans le reboisement », selon Raïssa Oureya, cheffe projet de l’association Jeunes Verts Togo.
Pour le fondateur d’Ecojogging, Félix Tagba « La journée de l’arbre est une bonne chose pour reboiser. Cela contribue au couvert forestier de notre pays (le Togo, ndlr) ».
« Comme le disait le ministre de l’Environnement, avec le temps, on est tombé dans une routine infructueuse et aussi de la paresse. De plus, il y a des Togolais qui ne perçoivent pas encore l’urgence de la situation et qui doit nous pousser à reboiser massivement », a dit Edem Dadzie, directeur exécutif de l’association Afrique Eco 2100.
S’il y avait eu vraiment du résultat, notre pays ne serait pas à moins de 25% de couverture forestière
Pour Raïssa Oureya, « Il faut noter qu’il y a une amélioration des résultats ces dernières années. Les politiques d’incitation mis en place par le gouvernement togolais et les actions de la société civile et ONG permettent à la population togolaise d’être de plus en plus consciente de l’importance de l’arbre dans nos communautés. Cela se remarque avec l’augmentation du couvert végétal togolais ».
« S’il y avait eu vraiment du résultat comme on devait s’y attendre, notre pays ne serait pas à moins de 25% de couverture forestière. Il n’y a pas eu un haut niveau d’efficacité. Il faut aussi déplorer que pendant longtemps, on revenait reboiser au même endroit chaque année sans se demander ce que sont devenus les anciens plants. Heureusement que maintenant, les autorités ont décidé de changer le concept », fait voir Edem Dadzie.
Hector Nammangue : « C’est vrai qu’on n’a pas encore atteint l’objectif mais les résultats sont palpables ».
On plante les arbres mais il n’y a plus de suivi
« Malheureusement, ce qu’on remarque c’est qu’on plante les arbres mais il n’y a plus de suivi qui est fait derrière. Ce qui fait que les arbres qu’on plante le 1er juin meurent. Il faut vraiment un suivi pour voir l’évolution de ces arbres et en planter d’autres quand le premier meurt. Ça ne sert à rien de montrer qu’on a planté des arbres s’il on ne les arrose pas comme il le fait. C’est vraiment le suivi qui nous manque et qu’il faut revoir », a analysé Félix Tagba.
Nécessité d’entretenir les arbres, planter toute l’année
Pour le président de l’ATJ2E, « C’est qu’on intègre à cette activité de reboisement, la nécessité de les entretenir. Il faut qu’on puisse également maximiser les sensibilisations ou la communication sur l’entretien des plants qui sont mis à terre. Aujourd’hui, on doit également réfléchir en termes de superficie reboisée et protégée contre la dégradation. Cela peut permettre de limiter considérablement les facteurs de destructions des plants ».
« En plus du suivi, il faut aussi plus remobiliser la population parce que certains ne se sentent pas concernés par cette journée. Je pense qu’il faut mener une politique de disponibilité des plants. Il faut également planter des arbres toute l’année, chercher des temps propices pour le planter », renchérit le fondateur d’Ecojogging.
Défis : sensibilisation, arrosage des plants, espaces de reboisement
Il faut « Sensibiliser suffisamment la population. Le concept de campagne nationale qui va continuer jusqu’à la fin de l’année est bien pensé. Mais, il faut prendre des dispositions pour qu’une grande partie des plants mis en terre survivent. Veiller à ce que des individus inconscients ne s’en prennent aux plants. À un moment donné, il faudra peut-être rendre obligatoire la plantation d’arbres », suggère le directeur exécutif d’Afrique Eco 2100.
« L’un des plus grands défis est le manque d’espace pour le reboisement, le suivi à travers l’arrosage de ces plants et bien sur la protection contre les animaux », pense la cheffe de projet de Jeunes Verts Togo.
L’édition 2022 de la journée de l’arbre marque début de la campagne de reboisement dans le pays. Un million de plants a été prévu par le gouvernement togolais pour être reboisé le 1er juin. Dans le cadre du projet de restauration du couvert végétal au Togo, il est prévu de planter un milliard d’arbres à l’horizon 2030.
AUTRE ACTU : Togo – Journée de l’arbre : l’éco-responsabilité de l’Assemblée nationale