Comme à Rio et à Tokyo, le continent africain l’Afrique n’est représentée par aucun perchiste aux JO Paris 2024. Comment se conçoit cette triste réalité ?
Avant Paris, les perchistes africains avaient déjà suivi les Jeux de Tokyo et ceux de Rio depuis leur petit écran. Une absence qui s’explique, encore et toujours, par un niveau insuffisant depuis de trop longues années.
« Le niveau du saut à la perche en Afrique est encore très bas. Cette discipline est considérée comme la plus déshéritée sur le continent », confirme Fatou Cissokho, officielle technique internationale de la Confédération Africaine d’Athlétisme.
Bien des obstacles entravent le développement de cette épreuve en Afrique. Aziz Daouda, Directeur technique à la Confédération africaine d’Athlétisme, identifie trois facteurs principaux : le coût élevé de la pratique, les difficultés logistiques et un faible niveau de compétition.
« Les sautoirs et les perches sont très onéreux. Peu de fédérations africaines ont les moyens d’entraîner et de soutenir les perchistes. Deuxièmement, les perches sont difficiles à transporter. Les compagnies aériennes refusent souvent de les prendre en charge, et seuls les gros cargos peuvent les transporter ».
Lors des compétitions interafricaines, il est compliqué d’organiser cette épreuve et d’assurer la participation de tous les pays. Même lorsque des perchistes sont présents, ils n’ont pas toujours les moyens de transporter leur équipement. Les perches, étant longues, ne peuvent pas entrer dans les soutes des avions.
En conséquence, peu de perchistes parviennent à se déplacer pour les compétitions, et nous nous retrouvons aux championnats d’Afrique avec seulement deux, trois ou quatre participants, généralement ceux du pays organisateur et un ou deux autres pays capables de transporter leur matériel.
« Il est donc très difficile de faire progresser cette discipline en Afrique. Le saut à la perche est considéré comme un équipement individuel, et les organisateurs ne sont pas tenus de fournir des perches aux athlètes. Chaque athlète s’entraîne avec sa propre perche », précise Aziz Daouda.
Face à ces difficultés, il est légitime de se demander s’il existe une solution pour sortir cette discipline de sa léthargie.
À cette question, le technicien de la Confédération africaine répond, catégorique : « Au regard de ces contraintes, il n’y a pas de possibilités aujourd’hui. Je ne vois pas de solution pour l’Afrique. Ce n’est pas une question de technicité ou de savoir-faire », insiste Aziz Daouda.
Mettons les pieds dans le plat : le saut à la perche est quasi inexistant en Afrique. En Côte d’Ivoire, bien que la volonté d’instaurer cette épreuve au niveau des petites catégories existe, la fédération ivoirienne se heurte à un manque de moyens logistiques.
Au Sénégal, cette discipline ne figure pas à l’agenda fédéral, et il en va de même pour le Burkina Faso et le Mali.
En revanche, le saut à la perche est en développement en Afrique du Sud où le record d’Afrique est détenu depuis 1995 par la légende locale Okkert Brits, qui a franchi la barre de 6,03 m.
Son compatriote Cheyne Rahme a tenté de battre ce record, mais s’est limité à un saut de 5,41 m. Loin, bien loin des 6m25 du recordman du monde et champion olympique depuis lundi, le Suédois Armand Duplantis…
Source : Ange Kouadio, L’Intelligent d’Abidjan – Côte d’Ivoire, #PARISMEDIAS2024