Malgré une présence assidue aux instances africaines (en particulier l’UA), les conflits et crises sur le continent semblent être l’enfant oublié de la diplomatie sud-africaine. Le géant du continent, (1ère économie d’Afrique depuis mi-2024), s’est rendu célèbre ces derniers mois par son intervention juridique dans le conflit israélo-palestinien.

En effet, le pays a saisi la CIJ (Cour internationale de Justice),organe judiciaire principal des Nations Unies fin 2023, avec une plainte pour génocide contre Israël. La nation arc-en-ciel accusant Israël de « génocide » dans l’enclave palestinienne. 

L’Afrique du Sud, diplomatie de non-proximité ?

 Soudan, République Démocratique du Congo, Ethiopie, Sahel, l’Afrique du sud a clairement mis en sourdine son statut de géant du continent face à ces nombreuses crises qui rôdent autour de lui.  Pourtant qu’est ce qui explique cette impression de diplomatie du lointain? Et surtout la proximité affichée à la cause palestinienne? 

Il faut rappeler que l’Afrique du sud est actuellement dirigée par le parti’ ANC « , qui historiquement, combattait pour la fin de l’apartheid; apartheid , que subit le peuple palestien selon les observations du gouvernement en place.

« L’Afrique du Sud a une obligation particulière, à la fois envers son propre peuple et envers la communauté internationale, de veiller à ce que les pratiques flagrantes et choquantes de l’apartheid soient dénoncées pour ce qu’elles sont et qu’il y soit mis fin immédiatement », a précisé dans ce sens le pays de Nelson Mandela à ce sujet. 

Aussi, face à la bipolarisation du monde aujourd’hui, exacerbée par le fait que l’Afrique du sud soit l’un des fondateurs du bloc altermondialiste Brics, a d’une certaine manière “occidentalisée” la vision externe de la nation arc-en-ciel. Une politique étrangère « non alignée », réclamant une réforme du Conseil de sécurité des Nations Unies.

À noter que cette politique étrangère, pour des raisons moins reluisantes, pourrait permettre au président en exercice Cyril Ramaphosa de redorer son image sur le plan intérieur, lui qui a été plusieurs fois épinglé par la justice pour faits de corruption. 

Cyril Ramaphosa, une autre image africaine de l’Afrique du Sud

Depuis son accession à la magistrature suprême, le président Cyril Ramaphosa s’est distingué par une politique étrangère de rupture vis -à -vis de ces prédécesseurs. Sur le continent, le pays qui autrefois était impliqué dans la résolution de presque tous les conflits sur le continent, a depuis privilégié l’avancement de ses propres intérêts économiques et de ses ambitions altermondialistes.

Car, il est opportun de rappeler, la liste non exhaustive des médiations et des actions diplomatiques de l’Afrique du sud ces 02 dernières décennies. Entre autres, le pilotage de Thabo Mbeki en qualité de médiateur dans le processus de paix ivoirien en novembre 2004, en 2005 les médiations de coulisses pour les accords de paix au Soudan, les efforts de paix pour les conflits de l’est-Congo, ou encore les doléances faites au FMI de ne pas exclure le Zimbabwe voisin.

Dans cette dynamique, l’Afrique du Sud est l’un des rares pays en Afrique  à inclure dans son budget la prévention et la résolution des conflits.

Rappelons, que l’action et le choix de l’ANC et du gouvernement sud-africain actuel de centraliser les capacités diplomatiques ne sont pas unanimement approuvés. Des frictions au sein même du parti présidentiel, notamment son aile gauche populiste historique qui y voit une certaine recherche de grandeur personnelle de la part du président Cyril Ramaphosa.

Cette manière de faire, ouvertement libérale , basée sur des intérêts économiques plutôt que sur des principes éthiques ou idéologiques tels que l’engagement pour les idéaux du panafricanisme concorde avec la teinture d’homme d’affaires du président actuel. En effet, Cyril Ramaphosa a une fortune estimée à quelques 400 millions de dollars selon le magazine Forbes en 2015.

Michel Glory Samuel TAKPAH, Journaliste Togolais