L’édition 2022 du classement mondial de la liberté de la presse établi par Reportes Sans Frontières (RSF), a été rendu public le 3 mai dernier, journée mondiale de la liberté de la presse. L’Afrique n’a pas été bon enfant.
La 20e édition du classement classement mondial de la liberté de la presse « révèle une double polarisation, amplifiée par le chaos informationnel : polarisation des médias entraînant des fractures à l’intérieur des pays et polarisation entre les États sur le plan international », rapporte Reporters Sans Frontières sur son site officiel.
La liberté de l’information, selon RSF, revêt plusieurs visages sur ce continent, où coexistent à la fois la presse foisonnante du Sénégal (73e du Classement) ou d’Afrique du Sud (35e) et le silence assourdissant des médias privés en Érythrée (179e) ou à Djibouti (164e).
Ces dernières années, la multiplication de lois répressives criminalisant le journalisme en ligne est venue porter un nouveau coup au droit à l’information. Dans le même temps, la prolifération des rumeurs, de la propagande et de la désinformation a contribué à affaiblir le journalisme et l’accès à une information de qualité.
Souvent peu soutenus d’un point de vue institutionnel et encore largement dépendants des diktats éditoriaux de leurs propriétaires, les médias africains peinent à développer des modèles soutenables et durables. L’émergence récente de coalitions de journalistes d’investigation permet toutefois des révélations importantes concernant des sujets d’intérêts publics.
Longtemps étouffés sous la dictature, des pays comme l’Angola (99e), le Zimbabwe (137e) ou l’Éthiopie (114e) ont connu une ouverture plus ou moins importante de leur espace médiatique mais, dans la plupart des cas, la répression des voix dissidentes demeure. Dans le Sahel, l’insécurité et l’instabilité politique ont fortement progressé et le journalisme y est, ces derniers temps, attaqué de manière spectaculaire.
En 2021, deux journalistes espagnols ont été tués au Burkina Faso (41e), le reporter français Olivier Dubois a été enlevé par un groupe armé au Mali (111e) et plusieurs journalistes ont été expulsés du Bénin (121e), du Burkina Faso ou du Mali.